• Menu
  • Menu

Lifou, petit secret bien gardé

Du 1er au 7 mars 

[L’écriture de cet article a été plus que laborieuse. Des notes griffonnées en vrac et des bribes de phrases que j’ai eu du mal à mettre en forme pour en faire un récit cohérent. A vrai dire, Lifou ne nous a pas lancé une flèche en plein cœur comme l’a fait l’île des Pins, mais nous l’avons pourtant quittée avec la certitude qu’on ferait tout pour y revenir. Tentative d’explication de cet envoûtement ci-dessous.]

Qui osera encore me reprocher ma pseudo impatience ?

25 ans que je rêve de poser le pied sur cette île ! Oui, 25 ans messieurs dames !

A l’aéroport, nous sommes accueillis par Jimmy dont nous louons la maison en Airbnb et qui nous présente tout ce qu’il y a à faire sur l’île. Il nous propose de nous accompagner ou de contacter les gens pour nous. Sympa ! Pas simple en effet quand bon nombre de gens ne répondent pas aux messages ou habitent dans des endroits que même le tout puissant Google ne connaît pas ! (Les gens nous envoient des coordonnées GPS correspondant à un point d’arrivée au milieu de nulle part et on arrive effectivement à destination…un concept !)

En bas de chez nous, un ponton d’où l’on peut observer les tortues. Ce sera l’une de nos activités quotidiennes. Petits et grands, on ne s’en lasse pas…jusqu’à 1h avant de monter dans l’avion, nous restons gagas devant le ballet aquatique de ces (pas si) petites bêtes!

Malgré une météo mitigée (Gggggrrr😡), on est vite saisis par les attraits de Lifou.

Sauvage, mystérieuse et si belle…

Le décor est enchanteur, pourtant la réalité l’est un peu moins. 

  • Notre première expérience se solde par une sacrée désillusion au supermarché. Puisqu’on est en location, on se fait à manger pour limiter le budget (tiens d’ailleurs si vous avez des questions sur le budget en TDM, on veut bien y répondre- c’est une question que les gens qu’on croise nous posent…plus ou moins délicatement!) mais le supermarché est…comment dire…achalandé d’un patchwork de drôleries alimentaires venues des 4 coins du monde. En guise de produits locaux: des crevettes surgelées et un melon à 12 euros. Le reste n’est qu’importations sans intérêt et malbouffe à gogo. On remplit tant bien que mal un panier et on rentre un peu penauds chez nous.
  • Contrairement à l’île des Pins, et malgré de fortes divergences d’opinions entre îliens, les croisiéristes ont de nouveau l’autorisation de jeter l’ancre à Lifou – alors que les scientifiques et observateurs locaux avaient avec ravissement constaté la régénération des coraux sur leurs récifs. De 100 bateaux par mois, on est passés à “seulement “ 16. Soulignons ce point positif.
    Le 3e jour de notre séjour nous découvrons avec effroi (on nous avait pourtant prévenus), stationné dans la Baie en bas de notre rue, un immeuble flottant, hideux, qui crache de la fumée noire et vomit des centaines de passagers sur “notre” ponton à tortues.
    Un spectacle désolant. Affligeant. 
    Les plus aisés prennent des minivans pour aller visiter quelques points d’intérêt sur l’île, le gros des troupes avance sur la route en semblant errer sans but. D’ailleurs nous savons qu’il leur faudra marcher un bon bout de temps avant d’atteindre un village ou une plage.
    Ils nous font pitié, d’autant que la plupart ne sont pas tout jeunes et sont accessoirisés de cannes & fauteuils roulants (une infirmière de Nouméa habituée à soigner la clientèle croisiériste nous révélera que beaucoup d’Australiens passent des mois sur les paquebots, au final moins chers que les maisons de retraite…) .
  • Dans un autre registre, après la visite d’un jardin botanique avec la pétulante Jeanine (Extraits: « Faut pas avoir Parkinson pour s’occuper de la vanille ! », « Celui qui vous dit qu’il ne trouve pas de travail à Lifou, c’est ce que c’est un fainéant, tout pousse ici, y’a qu’à valoriser nos ressources! »), on s’interroge sur le nombre de voitures sur le parking. Jeanine nous explique qu’une réunion des chefs de tribus se tient dans le bâtiment à côté. Des querelles longues de plusieurs années doivent se régler une bonne fois pour toutes! La gendarmerie rôde, guettant de fort probables bagarres ou coups de feu, nous confie Jimmy.

Lifou, un petit secret bien gardé l Enfin, plusieurs secrets…bien gardés et qui se méritent! À l’instar de Kiki Beach. Ne comptez pas moins d’une heure de traversée d’une forêt dense et humide, sur un chemin jonché de pierres, racines et autres excroissances tropicales pour accéder à cette petite beauté. Nos fronts perlent, nos cœurs sursautent d’avoir cru apercevoir un animal et, après avoir descendu l’ultime échelle quelque peu bancale (la photo vous révélera l’euphémisme!), nous pouvons enfin profiter d’un endroit dont on nous parle depuis longtemps. Bon, on est pas seuls ici : des locaux, des touristes, des drones… L’île des Pins nous avait trop bien habitués à nous privatiser les plages que nous voici importunés par la douzaine de congénères présents! Les nuages nous honorent toujours de leur présence mais nous profitons longuement de l’endroit avant d’entamer le trajet retour en terrain luxuriant !

En grande rêveuse que je suis, je suis persuadée que les nuages sont un stratagème de Lifou qui me souffle au creux de l’oreille: je te dévoile un peu de mes beautés, mais il te faudra revenir pour les redécouvrir dans toute leur splendeur. Le sortilège est lancé! Et il fonctionne: chaque jour sans exception, Cédric et moi on se dira : c’est déjà si joli avec un ciel nuageux, faudra qu’on revienne pour voir cela sous un grand soleil!

Bon, sans surprise, nous n’avons pas fait de repas gastronomiques à la maison, mais nous avons fait 3 repas traditionnels, lors de sorties, où l’on s’est régalés de produits locaux, originaux et savoureux: du crabe de cocotier, des fougères en salade, des frites de bananes verts ou encore des jus de corossol.  

On a apprécié ce qu’on a mangé, mais aussi les échanges authentiques, simples et épurés, avec des habitants fous d’amour pour leur île. 

On sent en eux un amour de la Terre puissant. 

Alors que nous occidentaux exploitons la nature pour ses ressources, ici les hommes vivent en symbiose avec la nature. Pas une simple cohabitation. Un respect mutuel s’est instauré et semble indéfectible. C’est en partie dû à leurs croyances et à la transmission de savoirs ancestraux. Mais pas que.

Les locaux sont vraiment adorables. Les habitants de Lifou remportent la palme calédonienne. Des sourires et des bonjours aussi sincères qu’enjoués. On sent que notre présence ne les importune pas et qu’ils sont fiers et heureux de nous faire découvrir leur île. Merci à eux pour tout cela! Décidément, les rencontres qu’on a faites au fil de notre tour du monde resteront parmi nos plus beaux souvenirs. De ceux qui se gravent sur le disque dur du cœur.

Sortie avec Lifou Nature : je laisse Cédric raconter 

Clément nous l’avait conseillé, Jimmy nous l’a proposé, alors nous sommes partis pour une matinée de découverte avec Lifou Nature. Rendez-vous au QG de l’association où nous passons récupérer notre guide. Après quelques kilomètres de route puis de chemins dans la forêt, nous nous arrêtons à l’entrée de la réserve naturelle coutumière de Ngoni. Là, c’est sûr, nous serons seuls. Pour pénétrer dans cette réserve, il faut être accompagné d’un guide de la tribu de Hunëté.
Nous marchons pendant une heure, et notre guide nous fait découvrir toutes les richesses de cette forêt primaire :  des arbres (dont le bois de Santal prisé par les plus grands parfumeurs du monde), aux plantes, insectes et animaux. Il essaie de nous rassurer en nous révélant qu’il n’y avait pas de tricots rayés, que le seul serpent présent dans cette forêt était un python (“ça ne pique pas, ça avale ses proies!”).
Le but de cette randonnée est d’arriver à la plage de Ngoni. Ici pas de vilains paquebots venant gâcher le spectacle, les monstres des mers qui viennent ici sont les baleines qui viennent lors de la période estivale. 

La deuxième étape est une autre randonnée, en PMT (palmes-masque-tuba pour les non-initiés). Une balade que j’effectue seul avec le guide et qui encore une fois m’en met plein les yeux.  En effet, ce bord de mer est composé d’une partie peu profonde peuplée de coraux puis d’un récif et ensuite d’un tombant rocheux qui nous laisse apercevoir les fonds marins (10m de profondeur). A la lisière du récif, des milliers de poissons viennent se nourrir et se reproduire. Nous passons presque une heure à longer ce tombant et à admirer le spectacle. J’ai même eu la chance d’apercevoir, de loin, nageant au fond de l’océan, deux magnifiques requins pointe-noire (des beaux spécimens de plusieurs mètres). Impressionnant ! 

De retour sur la plage, je retrouve Coralie et les enfants. Je m’empresse d’emmener Romy voir les magnifiques coraux du bord de l’eau. Nous étions à peine dans l’eau depuis 5 mn qu’arrive sur notre gauche, un requin. Celui-ci s’approche de nous, se rapproche, nous passe devant,passe sur notre droite, fait demi-tour pour revenir nous voir… puis s’en va. Ok. Autant tout à l’heure, j’ai pu voir de magnifiques spécimens nageant au fond de l’eau (et loin de moi), autant celui-ci, d’une part, n’avait pas de pointe-noire sur son aileron, et le fait qu’il nage à la même hauteur que nous dans une eau plus profonde nous a permis de bien “admirer sa gueule” (un peu comme dans les films).. Ni une, ni deux, je prends Romy par le bras et nous sortons de l’eau. (Nous apprendrons après qu’il s’agissait sûrement d’un requin bouledogue, pas l’espèce la plus amicale des requins). 

La demi-journée se finira par un super repas au QG de l’asso, avec une dégustation de plein de poissons et de légumes locaux que nous découvrons. Encore une sympathique expérience qui sort des sentiers battus accompagnés d’un guide local passionné et passionnant.

Jimmy nous raccompagne à l’aéroport… mais avant, il nous emmène voir encore 2-3 endroits que seuls les locaux connaissent et qu’il a la gentillesse de partager avec nous. Ces derniers petits secrets révélés achèvent de nous convaincre qu’on reviendra un jour…si on le peut.

C’est aussi l’occasion d’échanger encore un peu avec Jimmy. Je lui redis pour la 42e fois que j’espère du fond du cœur que Lifou restera préservée. Il semble confiant. 

A l’embarquement, je partage mon bourdon avec Cédric, croyant être encore la seule atteinte de mièvre nostalgie. 

Et bien non! Cédric me confie le vague l’âme qui l’a envahi. Le malotrus qui serre les gorges a donc fait une nouvelle victime – un spécimen qui se croyait pourtant inatteignable !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

10 commentaires